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Première Bible en français traduite à partir des textes hébreu et grec.
Article écrit le 13/06/2023
C’est en 1535 à Neuchâtel, chez Pierre de Wingle, financée par les vaudois que paraît la première édition de la « Bible d’Olivétan » traduite à partir du texte hébreu et du texte grec. Ce travail, hors de l’autorité de l’Eglise fut rejeté et mis à l’index dans la France catholique quand il fut diffusé hors de Suisse.
Pierre Robert dit Olivétan, cousin de Jean Calvin, outre ses bonnes connaissances dans ces deux langues s’appuie sur les travaux de Jacques Lefèvre d’Etaples et des humanistes pour produire ce qui sera la base des traductions protestantes pour longtemps. De nombreuses révisions amélioreront cette première édition tirée à 1000 exemplaires. Sa présentation deviendra plus « moderne » en changeant les caractères gothiques et en diminuant la taille des volumes (in-folio) pour la rendre plus pratique. La Bible dite « de l’Épée » sera sa première révision.
Vers 1533, Pierre Olivetan, le cousin du réformateur Jean Calvin est un instituteur très érudit puisqu'il a de bonnes connaissances de la langue hébraïque, du grec et du latin. Mais tout cela doit se compléter par des dictionnaires, des grammaires, pour traduire la Bible en français, d'autant qu'en 1532 la langue française n'a pas un vocabulaire très stable et une syntaxe bien définie. Des mots du langage populaire se retrouvent parfois avec des termes latins qui ne sont pas traduits.
Le travail est énorme, même si Pierre Olivetan peut bénéficier des conseils d'autres érudits, comme ces quelques collaborateurs qui établirent une table des noms propres et des sommaires en tête des livres bibliques. Sur sa table de travail sont posés les ouvrages concernant l'Ancien Testament : La Bible hébraïque édité à Venise dans les premières années de ce siècle, le dictionnaire hébreu et la grammaire de Sébastien Münster, plusieurs ouvrages de rabbins et des commentaires juifs. Il dispose aussi des traductions latines récentes faites à partir de l'hébreu par d'éminents réformateurs. Ainsi, il introduit parfois des notes marginales qui donnent des variantes à la traduction qu’il propose. Par ailleurs, Pierre Olivetan n'est pas limité sur le plan confessionnel puisqu'il utilise
aussi la traduction latine de l'hébreu éditée par Sante Pagnini, dominicain et secrétaire du pape. Pour le Nouveau Testament, il puise dans l'édition grecque-latine d'Érasme et dans ses commentaires. Grammaires grecques et notes critiques viennent compléter sa documentation.
Les Vaudois, une communauté chrétienne d'origine médiévale fondée par Pierre Valdo (ou Vaudès) au XIIe siècle, ont longtemps été persécutés pour leurs croyances. Ils prônaient un retour à la pauvreté apostolique et une stricte adhésion à la Bible comme seule autorité religieuse, ce qui les mettait en opposition avec l'Église catholique. Plusieurs fois confondus avec des courants hérétiques, d’autrefois tolérés ou même acceptés, leur histoire a été complexe. Leur insistance sur l'accès direct aux Écritures a joué un rôle central dans leur histoire et leur identité. Des missionnaires se consacraient à des missions de prédication, copiant les textes bibliques et les lisant de village en village, en France, en Italie et à travers l’Europe.
Le Synode de Chanforan, tenu en 1532 dans le Piémont (Italie), est un événement crucial dans l'histoire des Vaudois. Lors de ce synode, les Vaudois ont décidé de rejoindre la Réforme protestante. Ils ont demandé la traduction de la Bible en français, en souhaitant que cette traduction soit accompagnée du texte latin en regard pour préserver un lien avec la tradition biblique latine. Cependant, cette dernière demande n'a pas été respectée.
Le financement et l'organisation du projet ont impliqué des figures importantes comme le réformateur protestant Guillaume Farel.
Pierre Robert Olivétan, cousin de Jean Calvin, a été chargé de traduire la Bible en français. Avec l'aide financière des Vaudois, qui ont collecté une somme de 500 écus d'or pour ce projet, Olivétan a publié la Bible en 1535, connue sous le nom de Bible d'Olivétan. Cette version est la première traduction complète de la Bible en français directement à partir des textes hébreux et grecs.
Guillaume Farel (1489-1565) est un personnage essentiel dans le cadre de la Réforme protestante en Suisse romande. Né à Gap, en Dauphiné, Farel fut influencé par les idées humanistes d'Érasme et par les écrits de Martin Luther. Il a collaboré avec le groupe de Meaux et Jacques Lefèvre d’Etaples. Il est surtout intervenu dans l’introduction du protestantisme en Suisse en collaborant avec Jean Calvin à Genève.
Farel a commencé sa carrière religieuse en tant que catholique, mais il s’est tourné très tôt vers la Réforme. Son travail en Suisse romande, notamment à Neuchâtel, Aigle, et Genève, l'a rendu célèbre pour ses prêches enflammés contre l'Église catholique. Son engagement pour la diffusion de la Bible en langue vernaculaire est l’un de ses apports les plus significatifs à la cause réformée.
Farel joua un rôle décisif dans le projet de la Bible dans la traduction d’Olivétan. Il est à l'origine de la commande de cette traduction, convaincu que la Réforme ne pourrait s'enraciner durablement sans une Bible accessible en langue française. Il réussit à convaincre Olivétan de réaliser ce travail colossal, car ce dernier maîtrisait les langues originales des Écritures. Farel l’a soutenu financièrement et spirituellement dans cette entreprise, tout en assurant sa diffusion à grande échelle parmi les communautés protestantes naissantes.
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