Statistiques et traductions des écritures en 2022
Du Brésil au Bangladesh, 57 groupes linguistiques représentant au total 100 millions de personnes ont reçu des primo-traductions des Ecritures. Des révisio...
Lire la Bible dans une traduction interconfessionnelle permet aux chrétiens non seulement de connaître les différences qui les séparent, mais également de renouer avec une tradition de lecture qui avait été rompue ou, du moins, oubliée.
Article écrit le 01/03/2023
Première traduction de la Bible
Pour comprendre la différence entre les bibles protestantes, catholiques et orthodoxes, il faut remonter loin dans l’histoire, avant même l’apparition du christianisme. Au 2e siècle avant notre ère, alors que la langue grecque a conquis tout les pays méditerranéens, les juifs établis à Alexandrie éprouvent le besoin d’avoir leurs Ecritures saintes dans la langue qu’ils parlent au quotidien. Ils réalisent donc une traduction de la Tora d’abord, puis des autres livres saints, d’hébreu en grec. La légende raconte que cette traduction a été réalise par 72 savants en 72 jours, d’où son nom de Septante. Les juifs de cette époque ne se sont pas contentés de traduire les livres autrefois écrits en hébreu, mais il y ont ajouté d’autres textes religieux plus récents, directement écrits en grec ou en tous cas fortement influencés par la nouvelle culture hellénistique.
La Septante n’est pas une simple traduction, mais elle représente déjà un gros effort de transculturation. En effet, lorsque des expressions ou des images risquent de ne pas être comprises par des gens qui évoluent en milieu hellénistique, la Septante transpose le texte pour le rendre compréhensible. Dans la version grecque du livre d’Esther par exemple, même les noms des personnages de l’histoire sont modifiés afin que l’histoire sonne moins exotique aux oreilles de ses auditeurs. En utilisant toutes les ressources de la langue grecque, notamment la conjugaison, la Septante accentue dans les textes biblique l’attente messianique (un envoyé de Dieu qui viendra pour rétablir la justice) et l’attente eschatologique (une intervention magistrale de Dieu à la fin des temps qui met fin à l’empire du mal).
Tout naturellement, les premiers chrétiens ont utilisé ce texte grec de la Bible qui préparait si bien le terrain de leur conviction principale : Jésus de Nazareth est le Messie annoncé par les prophètes et attendu par les juifs. Quasiment toutes les citations de l’Ancien Testament dans les écrits du Nouveau Testament sont réalisées à partir de la Septante. Lorsque après les apôtres, les Pères de l’Eglise ont commenté les Ecritures c’est encore à partir de la Bible grecque et en langue grecque qu’ils ont écrit leurs ouvrages.
Lorsque l’Eglise catholique examine ses propres positions face à l’interpellation de la Réforme, au concile de Trente, elle se penche sur le sort de ces livres et refusant les arguments avancés par les protestants, elle considère quant à elle que ces livres sont tout aussi inspirés que les autres et qu’ils constituent un deuxième canon, grec, à coté de l’ancien canon hébraïque. D’où le nom de « deutérocanoniques » qu’elle donne à cette collection de livres grecs.
Pendant plusieurs siècles, la situation demeurera à l’identique. Les choses changent à nouveau avec l’apparition des Sociétés bibliques au début du 19e siècle. Leur objectif est de diffuser la Bible le plus largement possible. Etant donné que ces livres apparaissent comme secondaires pour les protestants, on considère que de ne pas les intégrer dans la Bible permettra de faire des économies et donc de diffuser davantage de bibles. Cette habitude de ne pas intégrer les livres deutérocanoniques dans les bibles protestantes s’est très largement répandue.
Depuis les années 70 est intervenu un accord entre le Vatican et les Sociétés bibliques qui travaillent à la diffusion de la Bible dans la plupart des pays du monde avec un souci de servir tous les croyants. On a ainsi défini le concept d’édition interconfessionnelle de la Bible : les livres deutérocanoniques sont présents, mais ils sont regroupés dans une section particulière à la jonction de l’Ancien et du Nouveau Testament.
En français la Bible TOB (Traduction Œcuménique de la Bible) a été la première à inaugurer ce principe. Elle a été suivi depuis par d’autres éditions de la Société biblique : la Bible en français courant et la Bible Parole de Vie.
Pour terminer, voici la liste de ces livres apocryphes : Tobit, Judith, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Ecclésiastique (ou Siracide), Baruc. Les livres d’Esther et de Daniel reçoivent dans la version grecque des suppléments significatifs.
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