Qui est ce pasteur qui a résisté à Hitler ?

Interview de Mathilde Soriano, pasteure au temple de l'Église à Rambouillet 

• Que pouvez-vous dire à nos lecteurs de Dietrich Bonhoeffer ?
  
  Dietrich Bonhoeffer est un théologien né en 1906, qui entre dans le service de contre-espionnage de l’armée allemande pour préparer le complot contre Hitler. Il est exécuté par les nazis en 1945, seulement quelques semaines avant la fin de la guerre. Peu connu du grand public de son vivant, il est aujourd’hui un auteur apprécié dans le monde chrétien. C’est un homme de foi et de prière qui nous laissent des ouvrages d’une grande profondeur. Sa lecture est très accessible, contrairement à celle de son contemporain Karl Barth. Bonhoeffer incarne la résistance chrétienne face à l'oppression, son héritage demeure une source d'inspiration pour ceux qui cherchent à allier foi et justice. Le lire, c'est prendre le risque de se poser les bonnes questions, celles qui interrogent toute notre vie de croyant. 

• Pourquoi le pasteur Bonhoeffer résonne-t-il particulièrement en vous ?
  
  Dietrich Bonhoeffer m’inspire beaucoup de respect. Professeur de théologie (très) pratique, il formait ses étudiants à la vie de prière, individuelle et collective, expérience qu’il rapporte dans son ouvrage «  De la vie communautaire ». C’est par ce livre que j’ai découvert Bonhoeffer. Ce livre reste sur mon bureau de pasteur ; je le relis souvent pour ne jamais oublier l’essentiel : Il y a le Christ entre moi et autrui, quel qu’il soit. De plus, Bonhoeffer n’a jamais cessé d’écrire, d’encourager, de prier pendant ses mois de captivité et d’isolement. Avec sans doute la même force spirituel que Paul en prison, Bonhoeffer n’a jamais cessé de proclamer que la liberté et la joie véritables sont données par Dieu, indépendamment des circonstances extérieurs.
  Son expérience nous invite à trouver, même dans les épreuves, une paix et une liberté que rien ne peut ôter. Quel exemple !

• Quels écrits ou idées de Bonhoeffer influencent particulièrement votre compréhension de la foi chrétienne ?
  
  Lire Bonhoeffer me donne toujours l’occasion de me convertir ou de me reconvertir, dans le sens de la métanoïa, signifiant changement de regard. Cela recentre mes action et mes pensées sur le Christ. 
  Quand ma foi chrétienne s’éparpille et s’appuie sur mes propres forces, je relis des prières de Bonhoeffer ou Vivre en disciple. Ces lectures provoquent en moi un électrochoc qui me rappellent ma vocation et la responsabilité qui en découle. 
  La première phrase de son ouvrage Vivre en disciple est : «  La grâce a bon marché est l’ennemie mortelle de notre Église ». Cette phrase m’interpelle constamment sur le prix de l'engagement chrétien, me rappelant que la foi demande un renoncement sincère et quotidien. 
   
• Arrivez-vous à transmettre les enseignements de Bonhoeffer dans votre pratique pastorale ?
  
  Bonhoeffer peut être être considéré aujourd’hui comme un mystique exigeant a relayé au fond de notre bibliothèque avec les théologiens d’un autre monde. Je ne le pense pas. 
  J’aime lire dans son Ethique sa pensée sur le thème de ma prédication. Je découvre un homme qui s’interroge sans cesse avec honnêteté et humilité. 
  Dans ma pratique pastorale, la principale transmission des enseignements de Bonhoeffer est celle de s’interroger toujours sincèrement sur : Qui est le Christ pour moi aujourd’hui ? 
  Cette question, au cœur de son enseignement, me guide dans chaque prédication, et chaque prédication est pour moi l’occasion de poser cette question aux paroissiens et de me la poser avant tout à moi-même.
  
  

   

   

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Rencontre avec son autrice, Molly Frye Wilmington :