Etude biblique d'Ecclésiaste 12.1-7ème

Souviens-toi de ton Créateur pendant les jours de ta jeunesse,
avant que viennent les jours du malheur
et qu'arrivent les années dont tu diras : « Je n'y trouve aucun plaisir » ;

avant que s'obscurcissent le soleil et la lumière,
la lune et les étoiles,
et que les nuages reviennent après la pluie.

Ce jour-là les gardiens de la maison tremblent,
les hommes vaillants se courbent ;
les meunières, trop peu nombreuses, cessent de moudre,
celles qui regardent par les fenêtres sont dans l'obscurité,

les deux battants de la porte se ferment sur la rue
tandis que baisse le bruit de la meule ;
on se lève au chant de l'oiseau,
toutes les chanteuses s'affaiblissent ;

on a peur de ce qui est élevé,
il y a des terreurs en chemin, l'amandier fleurit,
le criquet devient pesant, la câpre n'a plus d'effet,
car l'être humain s'en va vers ce qui sera pour toujours sa demeure,
et le cortège de lamentations passe dans la rue ;

avant que le cordon d'argent se détache,
que le réservoir d'or se casse,
que la jarre se brise à la fontaine,
que la poulie se casse et tombe dans la citerne ;

avant que la poussière retourne à la terre, selon ce qu'elle était,
et que le souffle retourne à Dieu qui l'a donné. .

(Traduction Nouvelle Bible Segond).

 

D’une beauté littéraire aigre-douce, ce poème évoque l’inévitable ravage du temps, la déchéance de la vieillesse et l’affaiblissement du corps jusqu’à son retour à la poussière. La vie humaine sans autre horizon est prisonnière de son parcours linéaire entre le berceau et la tombe. Mais l’évoquer par un poème nous rappelle que les questions sur le sens de la vie poussent les humains à puiser dans les plus nobles aspects de leur humanité (l’art, la littérature, le chant) pour dire leur désarroi. 

Le poème est comme un tableau où la lumière est sombre, le ciel nuageux et où une maison abandonnée s’écroule ! Il y a un jeu de mots entre la maison maisonnée (famille/la vie sociale) et la maison corps humain – idée courante dans la pensée hébraïque. Il s’agit alors d’allusions allégoriques pour décrire la déchéance physique : les hommes vaillants sont les jambes qui se courbent, les meunières sont les dents trop peu nombreuses qui cessent de moudre… Cependant, tout l’art est d’évoquer en même temps l’angoisse de la baisse de l’activité, de l’enfermement et de la perte de vie sociale qui est le drame du grand âge.

À la fin, le glas sonne (v.6), par cinq des plus belles phrases de la littérature pour évoquer la mort : le cordon d’argent qui se détache, la jarre qui se brise à la fontaine… et nous retournons à la poussière, allusion claire au récit de la Genèse où Dieu façonna l’homme de la poussière de la terre.

Pourquoi Ecclésiaste, le sage, nous amène-t-il devant ce triste tableau ? La sagesse reconnaît que la vie est courte, la santé fragile, que nos forces baisseront inévitablement avec l’âge. Ce n’est pas pour provoquer la panique et la terreur, mais pour encourager le lecteur à profiter du présent qu’il a entre les mains. Il y a une vie avant la déchéance ; le bonheur est à saisir avant le déclin des forces. Personne n’évite le passage du temps, mais il peut profiter des joies simples du présent. Les regrets sapent la force de vivre « l’aujourd’hui » et les rêves irréalisables font manquer les occasions les plus banales de bonheur dans le présent.

Ainsi, les versets qui précèdent notre texte présentent un tout autre tableau – lumineux, joli et tendre : « La lumière est douce ; il est bon pour les yeux de voir le soleil. Si quelqu’un vit beaucoup d’années, qu’il se réjouisse de chacune d’elles…» (11.7-8).


Par Katie Badie 

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Article écrit par Katie Badie

Conseillère en produits bibliques pour l'Alliance biblique universelle