Tout le psaume est prononcé à la première personne du singulier. C'est en tant qu’individu responsable que le psalmiste s'adresse à Dieu. Il ne cherche pas à se défausser dans un « nous » impersonnel ou à se justifier en cher- chant à faire peser le poids de la faute sur un autre. Dans la pratique liturgique orthodoxe, ce psaume est récité par cœur par le célébrant quand il encense l'église, geste qui souligne la prière comme l’expression du sacrifice et de la purification.
Le psaume 51 résume alors, en quelques versets, le juste repentir que chacun de nous est invité à vivre. Dans ce psaume, nous ne voyons pas seulement un hymne à la miséricorde divine ou une prière fervente, mais l’on découvre aussi un véritable programme de réhabilitation spirituelle.
La première étape consiste à entrer dans la conscience de sa faute, quelque- fois avec l'aide bienveillante et aimante d'un frère (comme l'a été le prophète Nathan pour David). Le frère est alors l’instrument de l'Esprit Saint qui, lui seul, peut dévoiler les méandres de notre âme. Sans fausse pudeur, le psalmiste me rappelle que je peux dévoiler mes errements, dans la confiance absolue en la miséricorde divine, car ce qui reste enfoui pollue ma vie et me maintient prisonnier.
Ensuite, il s'agit de mettre la faute à la bonne distance (v.7). Il ne s’agit ni de s'identifier à la faute, ni de tomber dans une culpabilité morbide, mais de considérer cette faute comme un élément étranger dont il faut, Dieu aidant, se séparer, comme une scorie qui cache la pépite. Le psaume nous rappelle en outre que Dieu aime l'homme, encore et encore, et qu'il veut habiter en lui (v.8).
Enfin, l’auteur s’engage à prêcher autour de lui, afin de toucher la conscience des personnes marquées par le péché (v.15). En ce sens, cette prière nous en- seigne que l’âme, bien que tombée dans un grand péché, ne saurait se replier sur elle-même, mais après avoir reconnu ses fautes et ses transgressions, est finalement comblée de joie, prête à en témoigner.
Le psaume se termine enfin dans la fête, dans la joie, fruit du pardon (v.21). Il nous montre que loin d’avoir le caractère morbide qu'on lui attribue souvent, le repentir est au contraire associé à la joie du prisonnier libéré qui sort enfin de prison.
@ PAR P. MARC GÉNIN ET P. JOSEPH PAVLINCIUC, aumôniers orthodoxes des pri- sons et partenaires de l’Alliance biblique française pour le projet « Bible en prison »