Chaque enfant qui naît est un signe selon lequel Dieu aime toujours voir grandir la vie des êtres humains. Parfois peut venir le doute selon lequel il pourrait être lassé... La naissance de Jésus, reconnu dans la foi comme
vrai Dieu devenu vraiment homme, est le signe ultime selon lequel Dieu nous assure qu’il ne sera jamais fatigué de voir des hommes et des femmes grandir sous son regard. C’est pourquoi nous pouvons l’appeler Père : nous ne sommes pas ici par hasard ni par calcul. Nous sommes ici par la volonté de celui qui veut notre existence gratuitement, librement et aime la voir s’épanouir.
La foi est souvent difficile parce qu’elle nous invite, pensons-nous, à cher- cher le sens de l’existence au-delà de celle-ci. Comme si elle n’avait pas as- sez de valeur en elle-même et qu'il lui fallait trouver sa raison d’être au-delà, au-dessus de nous-mêmes. La naissance de Jésus est le signe comme quoi il ne convient plus d’aller chercher au-delà des montagnes ou dans les profon- deurs de la mer afin d’acquérir le secret qui donnera la raison d’être de toute chose.
Maintenant, c’est dans le regard et le visage du frère et de la sœur que la vie prend son sens, sa consistance. Puisque le visage de l’enfant-lumière illumine nos existences par sa seule venue, chaque visage porte en lui cette marque lu- mineuse de la fidélité du Père qui ne laissera jamais tomber le moindre d’entre nous. En effet, c’est à hauteur d’homme voire plus bas encore que la vie doit être contemplée pour être lumière.
Si nous croyons que ce Jésus est bien la Parole du Père fait chair, alors il nous faut accueillir avec émerveillement, et c’est bien cela le sens de la fête de Noël, que le créateur de tout a voulu connaître sa créature non plus seulement d’en haut avec son regard de créateur, mais d’en bas, au ras de l’herbe. Lui qui sait tout, a voulu savoir ce que c’est que de voir les jours se succéder. Lui qui est lumière a voulu savoir ce que c’est qu’un coucher de soleil qui termine la journée dans un dernier éclat et annonce ainsi l’aurore de demain. Lui qui est Parole du Père, Verbe éternel, a voulu faire l’expérience de balbutier des mots humains, fragile et fuyant qui maintenant peuvent tutoyer la vérité.
@Par Éric Morin, enseignant au collège des Bernardins et directeur du Service biblique catholique Évangile et Vie.